Peu pressés, nous décidons de rejoindre le centre ville à pieds. La distance s'avère un peu plus longue que prévue, et nous atteignons la place centrale de cette jolie ville coloniale après une bonne heure de marche... et en plein défilé ! Et oui, nous sommes dimanche, les autorités péruviennes se plient au traditionnel hommage aux étendards national et locaux...
Afin d'être plus efficaces, nous nous séparons. Emile se met en quête d'un logement tandis que Lucy garde les sacs sur la grand place.
Malheureusement, tous les hôtels, hostals et auberges affichent des tarifs insensés...
Emile retourne bredouille à la grand place où il retrouve Lucy apparemment ennuyée par un jeune homme.
Il s'agit d'un employé d'agence offrant des tours vers les ruines alentours à prix cassés pour remplir son minibus qui part dans l'heure. Quoi qu'il en soit, il nous faut prioritairement trouver un toit !
Le jeune homme propose donc de nous trouver un logement dans la matinée tandis que nous sommes en visite, son agence ayant des accords avec quelques hôtels.
L'idée est tentante, nous lui laissons donc cette responsabilité tandis que nous partons pour une première demi-journée de découverte.
La matinée est dédiée à la visite des ruines situées à la sortie de la ville : las Huacas del Sol y de la Luna - temples du soleil et de la lune, érigés par les Moches (prononcer Motché), peuple pré-Incas ayant vécu entre 100 et 700 après JC.
La Huaca del Sol était le centre administratif et politique de la ville moche (moche de Moche, pas moche-laide !). Il n'était donc pas un temple à proprement parler, ce nom lui ayant été attribué par les colons lors de la découverte du site (huaca est un terme quechua donné par les Incas - par ailleurs les Moches ne vénéraient pas les astres, les noms actuels sont donc loin d'être représentatifs des fonctions antiques de ces lieux).
Ce bâtiment est entièrement fait d'adobe, briques d'argile séchées au soleil. De forme pyramidale, elle atteint 41 m de haut, ce qui fait d'elle la plus haute construction d'adobe du monde.
Faute de financements, les recherches archéologiques n'y ont pas encore débuté, et le site n'est pas encore ouvert au public.
Huaca del Sol
À 2 km de là se dresse la Huaca de la Luna qui est, quant à elle, visitable. Elle était le centre religieux des Moches. De ce fait, les Moches (ou Mochicas pour éviter toute confusion...) y pratiquaient des sacrifices, tant animaux qu'humains, comme le laissent à penser les ossements retrouvés dans les pièces supérieures du temple.
Celui-ci a été construit en plusieurs étapes, les murs les plus récents recouvrant les précédents, permettant ainsi d'élargir les étages existants et d'en construire de nouveaux au-dessus, tout en rendant l'ancienne construction inaccessible (comme les couches d'un oignon !).
Ce qui nous impressionne le plus dans cette imposante pyramide, ce sont ses immenses fresques gravées. Certaines représentent des processions de prisonniers ramenés par des guerriers, d'autres des scènes mythologiques, ou encore des dieux... On y retrouve notamment de nombreuses représentations de leur principal dieu, Aiapaec, dieu créateur aussi qualifié de décapiteur car souvent représenté avec un couteau et une tête coupée.
Ici, le dieu décapitateur sous la forme d'une araignée, avec un couteau dans la main (en bas à gauche)
Et ici, une fresque représentant des scènes
de la mythologie mochica.
Noyau urbain et Huaca del Sol (au fond à gauche)
vus depuis la Huaca de la Luna
Midi sonnant, nous sommes ramenés en ville pour manger. La question de notre logement n'étant pas encore réglée, nous quittons notre groupe pour visiter quelques hôtels proposés par l'agence. Tout est soit inabordable, soit carrément inhabitable (cafards et trous dans le toit...). Désespérés, nous décidons de laisser tomber l'idée de trouver un lit en ville et de tenter notre chance sur la plage, à Huanchaco, dernier arrêt des visites de l'après-midi.
Sur ce, nous nous arrêtons dans une cantine pour tester deux plats typiques de la région : un ragoût de cabri étonnamment tendre et du canard.
Repus, nous rejoignons notre groupe et partons en direction de la Huaca del Arco Iris, le temple de l'arc en ciel, également appelé temple du dragon en raison de ses décorations.
Comme pour les autres huacas, des rampes permettent d'accéder aux différents étages (pas d'escaliers, uniquement des rampes dans tous les temples). Du haut, nous pouvons observer les entrepôts servant au stockage des denrées alimentaires.
Ce petit temple n'ayant pas d'autre fonction que de garde-manger (l'appellation temple étant encore due à une mauvaise interprétation des colons), nous en faisons rapidement le tour avant de nous rendre à Chan-Chan.
Malgré son nom, Chan-Chan n'est pas un bastion chinois aux Amériques, mais rien de moins que la plus grande cité d'adobe du monde, et la plus grande cité pré-colombienne sur le continent. Elle fut construite par les Chimús, civilisation ayant succédé aux Moches après leur déclin causé par une série de catastrophes naturelles liées au phénomène d'El Niño. Ils prospérèrent entre 1000 et 1470 après JC, jusqu'à leur conquête par les Incas.
Chan-Chan abrite notamment les plus grands palais des Chimús. Ceux-ci sont décorés de magnifiques fresques couvrant quasiment chaque mur, à l'exception des très impressionnants murs d'enceinte.
Cette immense cité s'étend à perte de vue, comptant pas moins de 10 palais-quartiers étendus sur 20 km² pour 60 000 a 100 000 habitants à son apogée (vers 1300 après JC), chose unique à cette période.
Nous visitons le plus grand des palais, constitué d'un ensembles de cours interconnectées, de temples, de tombes et de son propre réservoir d'eau (pour rappel nous sommes au milieu du désert), le tout relié par un enchevêtrement complexe d'avenues et rues labyrinthiques permettant de se rendre d'un bout à l'autre du palais... un parmi 9 autres !
La visite s'étant déroulée sous un soleil de plomb, désert oblige, nous faisons une ultime halte à Huanchaco, village côtier offrant un peu de fraîcheur pour les uns, un magnifique spot de surf pour les autres, et beaucoup de charme avec sa plage et ses bateaux de pêcheurs en forme de cigare, très proches de ceux rencontrés sur le lac Titicaca : les caballitos (littéralement "petits chevaux").
Alors que le groupe va profiter de la fin de l'après-midi sur la plage, nous faisons le tour des auberges et trouvons une chambre très confortable, dans notre budget, offrant une magnifique vue sur l'océan... on se sépare donc du groupe, et restons quelques jours dans ce petit coin tranquille, histoire de se reposer, avancer sur le blog et goûter à l'une des spécialités locales : le ceviche !
Miam !
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire