mardi 16 juin 2015

Arequipa et Canyon - 27 au 31 mars

Après avoir visité les îles du lac Titicaca, à plus de 3800 m, nous partons en quête de chaleur à Arequipa, modestement située à un peu plus de 2300 m d'altitude.

Nous arrivons vers 4h du matin après une longue nuit de route sinueuse à travers les Andes, et attendons prudemment le lever du soleil dans la gare, hyperactive à toute heure du jour et de la nuit !
Lorsque le soleil se lève, nous pouvons observer depuis la gare le ciel bleu immaculé et les montagnes et volcans environnants.



Nous attrapons un bus pour atteindre le centre, et posons nos sacs dans une vieille maison coloniale reconvertie en auberge. Le cadre et la vieille ville de la 2e cité péruvienne sont magnifiques !


Nous découvrons aussi iPeru, l'Office national du tourisme, qui s'avère extrêmement efficace et bien documenté.

En dehors du centre historique d'Arequipa, qui mérite largement qu'on lui accorde une journée ou deux, l'attraction touristique principale de la région est le canyon de Colca, 2e plus profond du monde ! Des hordes se touristes y randonnent en continu tout au long de l'année.

Nous, vous le savez désormais, sommes de vrais aventuriers ! Et on aime bien les randos ! Du coup, on n'ira pas au canyon de Colca... on ira à Cotahuasi !!!

Cotahuasi, c'est LE canyon le plus profond du monde... et aussi le plus inaccessible...
Il faut au moins 12h de route pour atteindre le petit village de Cotahuasi, sur une "dusty road" défoncée... une nouvelle nuit chaotique de cahots ininterrompus...

Une nouvelle fois, épuisés, nous débarquons à 4h du matin dans la petite gare de la ville. Au lever du soleil, je fais un petit tour du village pour repérer hôtels et info-touristes. Finalement, ce sont les locaux, extrêmement joviaux et accueillants, n'ayant jamais vu, ou presque, de touristes de leur vie, qui nous abordent par curiosité pour savoir ce qu'on peut bien faire ici et nous féliciter et nous remercier d'être arrivés jusque là. Nous obtenons ainsi l'adresse de l'auberge la plus économique du village, et les quelques informations nécessaires à notre préparation de randonnée.

Le premier jour, de toute façon épuisés par notre nuit de voyage, nous restons profiter du pittoresque petit village et promenons un peu dans les champs qui l'entourent.



Partout où nous allons, les locaux nous font "coucou" ou lèvent les pouces en l'air, ravis...

Autre paramètre non pris en compte, le voyage nous faisant perdre la notion du temps, nous sommes le 1er WE de la semaine sainte... et l'État péruvien étant officiellement État Catholique du Pérou, nous nous retrouvons bloqués sur la place de la ville à assister à la levée de drapeaux locaux et national, hymnes, avec autorités, forces de l'ordre et clergé se succédant pour rendre hommage à la nation et à Dieu...


Le lendemain, nous nous lançons à 6h pour descendre le Canyon à pieds jusqu'à Quechualla, 40km en aval.
Dès la 1ère demi-heure de marche, alors que nous coupons une épingle de la route via un sentier, nous ratons une intersection et nous engageons dans un cul de sac, sorte de presqu'île au milieu du canyon et offrant une jolie vue sur ce dernier...


L'erreur nous ayant déjà coûté pas mal de temps, nous décidons de couper à travers les champs de maïs et quinoa pour tenter de rejoindre la bonne route, plutôt que de rebrousser chemin.
L'expérience s'avère compliquée, fatigante, d'autant plus qu'avec le soleil s'installe la chaleur...


De nouveau sur la route du canyon, nous hésitons à rentrer et reporter la suite au lendemain... mais poursuivons quand même !

Les paysages se succèdent, fantastiques.
Tantôt le canyon en lui même impressionne, tantôt nous traversons une forêt de cactus, tantôt nous traversons les ruines des antiques terrasses de cultures incas...

 



Après quelques heures de marche, nous quittons la route et empruntons le sentier menant à une cascade dans un rétrécissement du canyon : la catarata de Sipia.

 

D'après la carte sommaire récupérée sur internet, un sentier permettrait de poursuivre le long du canyon, mais nous ne voyons aucun passage semblant praticable, et la route trône 50m au dessus de nos têtes, la pente abrupte étant plus synonyme de mort certaine que de raccourci.

C'est là, sur la gauche de la photo, que nous espérions monter...
Mais non, ça ne sera pas possible.

Alors que nous nous résignons à faire demi-tour pour rattraper la route là ou nous l'avions quittée, nous tombons sur deux "guardaparque" - gardes champêtres du parc naturel, surpris de voir... des touristes ! C'est tellement incroyable pour eux qu'ils se prennent en photos à nos côté pour preuve !!! Après nous avoir tenu la jambe et fait perdre encore pas mal de temps, ils nous indiquent un raccourci difficile mais pas (trop) dangereux permettant de rattraper la route.
On se lance, à tort... comme pour la traversée des champs un peu plus tôt, si nous gagnons probablement en temps, nous y laissons de précieuses forces et nous offrons d'inutiles frayeurs...
Nous atteignons néanmoins la route en amont, et quelle route ! La Death Road peut aller se rhabiller !

Photo du retour en bus

Nous poursuivons sur cette spectaculaire route jusqu'à... sa fin.
À un nouveau rétrécissement du canyon, la route se termine. Une passerelle à la fiabilité douteuse permet aux piétons de traverser... de là un sentier continue vers l'aval et notre destination.


Il commence à faire nuit. Il est encore tôt, mais au cœur du canyon, nous sommes dans l'ombre des falaises et le soleil ne nous illumine plus en direct. Les locaux croisés nous informent qu'il reste 1h de marche, qu'on arrivera avant que le manque de lumière ne soit handicapant. On persévère, épuisés. Le paysage reste somptueux mais il devient vraiment dur pour nous d'en profiter, toute l'attention étant focalisée sur "mettre un pied devant l'autre" après plus de 9h d'efforts.


Après avoir traversé de nouvelles passerelles nous faisant passer d'une rive à l'autre, nous atteignons le bas de Quechualla. La ville est située en hauteur, et il nous faut un dernier quart d'heure d'ascension sur une pente abrupte pour atteindre les ruelles du petit village.
Et que c'est pittoresque !!! Ruelles intégralement piétonnes, basse-court qui s'y promène librement, goyaves et avocats prêts à se faire marauder...


Alors que la nuit tombe, deux habitants nous indiquent la placette principale du hameau où se situent l'unique hébergement et l'unique boutique de la minuscule municipalité. Tout est fermé.
Un passant nous indique que le propriétaire de l'hébergement est au travail et qu'il devrait bientôt arriver. On s'installe sur place en grignotant nos goyaves... et un jeune homme ne tarde pas à nous rejoindre, nous demande de patienter un peu, repart, et revient enfin pour de bon.

Il nous fait entrer dans sa petite ferme, va cueillir les dernières grappes de raisin de la saison qui poussent derrière, et nous nous installons pour faire connaissance en grignotant les fruits...

L'apéro terminé, nous mettons tous la main à la pâte pour préparer de quoi manger avec ce qui traîne. Pendant le repas, notre hôte nous fait part de ses projets : il a racheté une veille ferme avec ses 25 ha de terrain et voudrait en faire une maison d'hôte et une exploitation d'avocats. Mais, vu l'emplacement, faire des travaux s'avère très fatiguant et très long. Rien que pour l'alimentation en eau, il a du faire venir les canalisations en 12 fois via le bus puis des ânes. Il est actuellement en train de les mettre en place, à la main ! Même pas de pelle mécanique pour l'aider à creuser !!

Moyen de transport des marchandises entre le bus et les villages.


Morts de fatigue, nous ne veillons pas longtemps et gagnons notre lit ou nous nous effondrons instantanément .

Levés avec le soleil, nous repartons avant 6h pour prendre le bus pour rentrer à Cotahasi. Après une bonne heure de marche dans le canyon, nous voilà à l'arrêt du bus.

8h, le bus n'est toujours pas là...

8h30 toujours rien...

Finalement, à 9h, le voilà qui arrive ! Ouf, nous n'aurons pas besoin de rentrer à pieds !! Le temps de décharger les passagers et les marchandises (tables, chaises, boissons en tout genre...) et nous voilà partis !

En route, surprise ! Un pont s'était écroulé et est en cours de reconstruction. Heureusement, les travaux ont l'air presque terminés. Au cas où, le chauffeur fait descendre tout le monde. Nous traversons donc à pied, puis observons un peu angoissés le mini bus traverser à son tour....





C'est bon, il est passé !!!

Le reste du trajet se fait tranquillement. Le soir même, nous reprenons un bus pour Arequipa puis, le lendemain, pour la mythique ville de Cuzco !


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